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L’Oreille de Moscou
L’Oreille de Moscou
4 octobre 2007

Savath & Savalas "Golden Pollen"

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label / Anti-

distributeur / Anti-

contact / booking@windishagency.com

dispo / 1


des mots // du son


Chaque disque de Scott Herren est, à sa sortie,  une source intarissable de discussion. Attendu au tournant avec Prefuse 73, avec comme épée de Damoclès au-dessus du crâne, la demande des fans d'un successeur à One Word Extinguisher, il est de l'autre côté pris à partie dès qu'il se jette dans son Side-Project, Savath & Savalas, jusqu'à son label d'origine Warp qui lui conseille de ne pas trop se disperser.
D'ailleurs, son nouvel opus sous ce nom a été signé chez un autre (Anti, label de Tom Waits, Tricky, Daniel Lanois entre autres musicopathes). Si Herren n'était pas sûr de pouvoir réitérer une sortie sous la bannière du double S, on peut être rassuré sur les nouvelles possibiltés d'exutoire du bonhomme. D'autres lui font confiance.

Golden Pollen, sa dernière livraison, reprend les débats là où Apropa't, les avait clôt, avec un Sigue Tu Camino qui insidieusement annonçait déjà la couleur.
On peut même dire qu'il lui succède magnifiquement. S'y retrouve toute la nonchalance de la voix du prodige qui traîne son espagnol tout en nuances et déplacements, sur des arrangements éthérés et des mélodies pop pleines d'étrangetés, évidentes de clarté (le travail sur le son du Tortoise, John McEntire, fidèle au poste,  est remarquable).

Sans parler de qualité de chant - en est-ce vraiment ? - la voix de Scott Herren, omniprésente sur ce Golden Pollen parvient en quelques mesures à poser un décor des plus singuliers, comme suspendu, en lévitation entre deux eaux (Apnea Obstructiva)

Comme peu de disques d'aujourd'hui savent le faire, ce troisième essai de Savath & Savalas allie inspiration harmonique de grande classe (le cinématique Concreto) à un sens de la minutie qui touche à la sorcellerie (l'habité Faltamos Palabras), et qui en fait un album supportant, ou plutôt induisant, un nombre d'écoutes considérables.
En effet petit bémol autour de ce projet foncièrement personnel. Se propage une sensation d'engourdissement qui, plutôt que d'attendre sa transformation en  saturation, vous pousse à remettre à plus tard une écoute alors surement plus active. Fort de ce constat, principe directeur qui en soi n'engagera à rien d'autre que prendre son temps - là où d'autres plus impatients prôneraient la coupe franche voire la réduction en Ep - plus rien ne pourra  vous empêcher de profiter pleinement des douceurs du Pollen d'Or qui vous ouvrira alors les portes de nouvelles perceptions.

Au-delà de ces quelques précautions à prendre, simples recommandations d'épicurien à épicurien, si Golden Pollen fonctionne bien c'est que l'ensemble des images qu'il développe  sont autant de projections  à l'infini , façonnées par un Scott Herren (bien épaulé là-dessus par  Mia Doi Todd au chant mais aussi Tyondai Braxton de Battles ou encore la saxophoniste Matana Roberts croisée sur le Yanqui U.X.O. des Godspeed You ! Black Emperor) qui se révèle en pleine possession de ses moyens, maîtrisant à merveille les approches au plus près du corps (l'idyllique Estrella de Dos Caras en duo avec José Gonzales) , proche de l'os même parfois (le spleenien et introspectif  El Solitario). Brassant ainsi les textures avec une assurance exaltée, usant d'électronique et d'acoustique sans excès ni faute de goût. (à part peut-être sur Tormenta de la Flor et ce côté ritournelle qui excède un brin).

Vous l'aurez compris, si ce Golden Pollen peut paraître
au premier abord épuisant sur la longueur , il reste inépuisable dans l'émotion et la langueur que parcimonieusement, on ne se lasse plus de se laisser prodiguer.

Tout n'étant finalement qu'une question de dosage.


(Chronique disponible chez nos amis de dMute)


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