Alexandre Varlet "Ciel de Fête"
label / Fargo Records
distributeur / id.
contact / nathaliechapuy@backtobasicks.fr
dispo / 1
des mots // du son
Avant même de se jeter dans Ciel de Fête, 3° opus d'Alexandre Varlet, sombre poète dont on avait perdu la trace depuis son magnifique et alambiqué Dragueuse de Fond,
on pouvait présumer qu'on ne tenait pas là une de ces galettes
markettées à la machette, en passe d'être diffusée à grand renfort de
formules pisse-vinaigre pour cerveaux en disponibilité.
Et çà même si
la mise en avant un tantinet surlignée de sa signature chez Fargo - label folkement pointu et peu fourni en artistes français, avec Emily Loizeau ils seront dorénavant 2 - relève de ce genre de procédés limite pénibles.
Malgré tout, une fois le disque avalé par la platine, le pressentiment
n'est que confirmé et on découvre, non sans surprise, dès les premiers
morceaux (l'instrumental Le Lit de la rivière et l'hymne solaire Montre-toi) notre artiste sous un nouveau jour : moins torturé dans le verbe, plus rèche sur le son.
Pour caricaturer un peu, Varlet
est porteur de ce qui pour beaucoup encore est un paradoxe
insupportable - ceux là même qui à l'époque crachaient à gros glaviots
sur les Sylvain Vanot et autres Tue-Loup - et qui relève
pour d'autres d'une qualité artistique imparable : savoir mettre en
valeur d'une instru à la couleur anglo-saxonne appuyée - entre cold
wave et rock brûlant pour paraphraser Fargo - une volonté assumée de proser des textes en français.
Alors, bien évidemment, la puissance de ce disque ne se résume pas à
une simple parade d'artiste arborant en gage de qualité les stigmates
de ses écoutes prolongées des vieilles scies dark ,Personal jesus de Depeche Mode ou le Porcupine des têtes à claques jouissifs d'Echo and the Bunnymen en tête.
Non, le charme est bien ailleurs, dans sa structure même, singulière et
tellement attirante. Assis sur une production luxueuse, sans fioritures
mais tout de même chiadée, cet album est capable de s'insinuer dans le
quotidien, voire même d'en approcher l'intimité (un morceau comme La Providence, est un condensé d'audace, disons, suggestive !).
La voix de VARLET n'est évidemment pas non plus innocente (la berceuse éthérée Tutti Quanti
en est une belle preuve) dans ce lien étrangement étroit qui nous
rapproche petit à petit de l'artiste et de son oeuvre. Une sorte
d'union sacrée qu'on voudrait, à satiété, pouvoir consommer.
Cet album tape direct au coeur. Il pousse à voyager tout azymuth (Le Sens de l'Orientation),
comme ces nuages, zonards hirsutes dans le ciel des longs jours de
fête, autant qu'à se lover,au bord d'un chemin creux, au plus près d'un
brasier (Presque Monde) qui jamais ne cesserait de se consumer.