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L’Oreille de Moscou
L’Oreille de Moscou
6 décembre 2007

DJ Coshmar "Concrete or Abstract"

IMGlabel / Compos-It

distributeur / Open Zik

contact / delphine@compos-it.com

dispo / 1



des mots // du son


Est-ce que l'hyperactivité est compatible avec la production de bons sons ? A revisiter le pedigree du gars que l'on appelle Coshmar, on était en droit de se poser la question. Patron de label (Compos-it), producteur (mixtape, émission de radio), Dj résident, directeur de presse (Star Wax), la liste des compétences est encore longue.

Aux vues du contenu de ce Concrete or Abstract il semblerait que tout cela puisse être conciliable.

Etiqueté "100% Turntables", cet album est en effet réalisé sans aucune programmation, uniquement à base de platines, jusqu'au réenregistrement et pressage vinyl des parties acoustiques pour pouvoir les triturer à grandes brassées de scratchs.
Mais au-delà de la prestation technique qui confine trop souvent ce style d'aventure aux podiums des grandes compétitions du genre (DMC et consor) , Dj Coshmar y distille ce supplément d'âme qui propulse sa musique bien plus loin. La marque des grands, serait-on tenté de dire.

Un digne héritier de tous ceux restés si longtemps isolés dans l'angle mort, bien campés derrière leurs MC. Ces Dj qui, à force d'innovation, sont parvenus à se hisser aux premières loges.
A la base des mutations artistiques du hip-hop, ces "turntablistes" sont toujours aujourd'hui les plus fervents fer de lance d'une culture funambule, en équilibre précaire sur cette corde à linge, tendue entre récupération abusive et naufrage dans les eaux troubles de l'underground. Sans l'engagement des aïeux - Kool Herc, Jam Master Jay, Grand Wizard Theodore - et les élucubrations prospectives des rénovateurs - ShortKut, Q-Bert, Shadow, Numark, Cut Chemist - cette composante du hip-hop, comme ce dernier d'ailleurs, n'aurait jamais pu passer le cap du XX°siècle.

Avec son deuxième opus, Coshmar s'inscrit bel et bien dans la continuité de ce mouvement. Fidèle à ce dernier (le old school I'am Glad To See You en atteste), ce musicopathe amoureux des platines - c'est un moindre mot - incarne une des facettes les plus subversives du "B-Boyisme" frenchy (au même titre que les DJ Phantom, Dj Oil, Gasoline ou plus récemment Mr Aul et les Birdy Nam Nam). Pas nécessairement dans le sens politique du terme (Vive la France étant ici sa seule réelle incursion dans ce registre) mais plutôt dans son acception progressiste : prôner le changement et sortir cette pratique de son carcan naturel. Et par là bouleverser sciemment quelques principes établis (c'est par exemple un des rares à monter des soirées avec uniquement des soundsystems d'artistes adeptes du saphir), ce qui en soit reste malgré tout un beau geste militant.

Immanquablement plongé dans la recherche d'une nouvelle grammaire déjà bien diversifiée , on le sent à la limite de la jubilation derrière son matos (le soulfull Abstract Freak), improvisant de tortueuses tirades pitchées (Né pour çà), démultipliant les allusions "breakées" tout en encaquant les scratchs batailleurs (l'impressionnant Paris) à un rythme diaboliquement échevelé (la preuve en image sur la pochette du disque).
L'objectif : nous faire perdre nos repères et par la même occasion quelques vertèbres. Ajoutez à çà la présence d'invités triés sur le volet - trois au compteur avec notamment sur le bien nommé Beast Mode, ce MC de la Grosse Pomme, Webbafied,  croisé chez Molécule  ou le bondissant L2op sur l'anatomique  Bouches sans mots -  et vous aurez une bonne vision du théâtre des opérations en cours.

Une scène unique où, sous la houlette du démiurge Coshmar, véritable "deus ex turntable", se croisent des airs d'opéra (On The Road Again), des cuivres rutilants, des lignes de basses bien grasses (le Fishb(i)onique Rock the Line 9) comme la voix éraillée du Numero Uno, Rocca (de La Cliqua y la Squadra muchacho !!). Un festival d'amalgames sur 12 pistes, entre fraîcheur spontanée et furia brûlante.

Alors ? Concret ou abstrait ? La parole au Less du Neuf (de retour enfin sur long format début 2008), Jeap 12, ultime featuring de grande classe pour une réponse sans équivoque : "Remue ton fessier, c'est que du kiff, baby !".

A bon entendeur...

(chronique disponible chez nos amis de dMute)

des images


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