Les Aléas d'une Discothèque...
CE MOIS-CI
la Discothécaire Aléatoire vous a déniché
Francis A. Sinatra & Antonio C. Jobim [1967]
Nombre de ses détracteurs ont vu dans ce disque signé en 67 chez Reprise rds une preuve irréfutable de l'usurpation du pseudo pompeux de "The Voice" attribué avec sans doute un peu de hâte, à Francis Albert Sinatra.
Il est vrai que sur cet album intimiste, sans strass ni paillette - apparat dont l'artiste fut parfois coutumier - Frankie chante faux par endroit (notamment sur Dindi qui est sobrement mais surement massacré). Ses défenseurs diront, eux, que jamais il ne se sera autant mis en danger, jamais il n'aura paru si vulnérable que sur ces 10 titres.
Chacun choisira son camp, ce qui ne changera pas l'histoire de cette rencontre. Un des plus séduisants duo de l'histoire de la musique : un interprète qu'on ne présente plus en la personne de Sinatra et ce compositeur de génie qu'est Antonio Carlos Jobim (qu'on découvrit en ce qui nous concerne au côté de Luiz Bonfa et Vinicius de Moraes sur la Bande Originale du superbe film de Marcel Carné, Black Orphéus). Un face à face fusionnel qui relève de l'alchimie, de la magie tant l'amalgame bossa-nova/jazz est ici remarquable de cohérence et de grâce.
Ce disque dégage vraiment une aura toute particulière, faite de couleurs complexes et évidentes, de celles qui se portent au regard sans morgue ni putasserie, juste comme ça, le temps d'un clin d'oeil pour marquer toute une vie.
Siouxsie Sioux & The Banshees "Juju" [1981]
Out les oripeaux crêteux, bonjour le goth glacial. Avec Juju, Siouxsie and The Banshees fait sécession de façon définitive avec la mouvance punk qui en 1981, date de sa sortie chez Polydor, se durcit et s'accélère (des groupes comme The Exploited émergent avec encore plus de crasse et fureur).
Transformant radicalement leur son en le teintant de cold wave et de psychédélisme, Siouxsie Sioux et sa clique font preuve d'un talent dans leur composition qu'aucun de leurs précédents albums, Join Hands ou The Scream, ne laissaient présager.
D'atmosphères étouffantes (Nightshift) en incartades électriques mortifères (Head Cut), cette bande de démons carburent à la transe tribale et nous trimballent de bout en bout de ces 9 titres pour nous laisser exsangue, complètement largués au beau milieu d'une fête païenne de fin de monde, tout juste bon à piquer les fesses de poupées vaudou décharnées. Terrifiant et efficace.