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L’Oreille de Moscou
L’Oreille de Moscou
31 mai 2008

Raoul Sinier "Huge Samouraï Radish"

23134Label / Ad Noiseam

distributeur / Id.



dispo / 1

 

 

des mots // du son


 

Raoul Sinier nous laissait courant octobre 2007 transit d'impatience avec comme seule perspective l'attente et, bien ancrée dans le crâne, Animal Sawtool, cette instru dévorante en clôture de Two Heads.

Pourtant, c'est bizarrement sans surprise - aurait-on fini par s'habituer au petit côté prolixe du bohnomme ? - en découvrant Huge Samouraï Radish, énorme maxi sorti chez Ad Noiseam tout juste un mois après le 4 titres précédent, qu'on retrouve comme si de rien n'était, nos traces laissées à côté de celles de Sinier.  Sous les envolées chaotiques de l'introductif Bring It On, on se souvient s'être posé tout un tas de questions sur l'avenir proche de l'artiste, le contenu à venir d'un troisième opus plus qu'attendu. On se rappelle assez facilement - c'est l'avantage des sorties de disques en rafale - l'état d'esprit qui nous animait alors : pourvu qu'il ne lâche plus ce filon qui nous bouleverse toujours un peu plus, ce goût pour l'esthétique grandiose de l'accident et ces étreintes "hip-hopisantes" et brûlantes qui nous avaient saisis lors de nos dernières retrouvailles. Comme si nos incantations automnales avaient pu être entendues, voilà donc 12 titres - 7 originaux et 5 remixes - qui débarquent en hiver, étrennes dissonnantes et vacillantes arrivant à point nommé.

D'une couleur d'ensemble très cinématique, ces nouveaux morceaux ne dégagent cependant pas les mêmes humeurs. On adhérera d'ailleurs plus à celles moins plombées de Peephole Crisis, Solid Flesh et surtout du superbe Bleach Bath - une sorte de fission gainsbourgienne autour de cordes élégiaques en phase terminale (Melody Nelson doit adorer !) -  qu'aux ambiances sépulcrales des très désespérés Untitled6 ou March. Et comme si tout ça ne suffisait pas - et on ne s'en plaindra pas - le graphiste qui ne sommeille jamais trop en Raoul nous pond une vidéo "ironicomique" sur la cavalcade effrénée vers la lumière d'un radis insoumis, né autant d'un corps de femme décapitée que de la psyché de notre artiste, qui est lui, bien loin d'avoir perdu sa tête. Un film  dont on a du mal à savoir s'il a précédé ou suivi la création du morceau éponyme, tant les synergies entre les deux les rendent indissociables.

Des images comme des sons qui, entre rêve et cauchemard, maintiennent tendu le fil d'un suspens ténu que tous les remixes à suivre ne parviendront pas à égaler (même sa propre relecture dudit morceau quand bien même assortie d'un featuring de dingue en la personne de Vast Aire des Atoms Family et autres Cannibal Ox n'y arrive pas).  Mais était-ce sincèrement ce qu'on attendait d'eux. A vrai dire pas spécialement.
Alors quoi ? Sans doute et toujours cette envie de nouveautés, déformation de geek, qui ne sait se satisfaire que de chair fraîche. Et là, pour le coup, la table est mise et bien dressée. Lynx & Ram (des rescapés de Sublight Records) offrent leur vision de la course du radis dans une noisy-rock écorchée, cataclysmique et révoltée, des plus fascinantes. Et voilà que nos cerveaux avides se reprennent à rêvasser de futures  rencontres : la pythie Vale Poher, les allumés The Kills [soupirs...].
Datach'i tapant dans le breakcore "vénicien" et La Caution lui répondant d'une refonte totale d'instru qui encore fraîche, n'en finit pas de glisser sous les lyrics d'un Nikkfurie étrangement nonchalant, dépassent d'une tête la version plus ambient de Wisp, certes taillée dans de la belle étoffe, douce et soyeuse, mais trop peu sulfureuse, un brin cousu de fil blanc, en quelque sorte .

Avec cette ultime sortie, Raoul Sinier finit l'année avec 5 disques au compteur. A regarder ce gars de ce seul point de vue statistique, on aurait bien du mal à le croire réellement humain. A écouter avec quelle audace et pertinence il avance, avec quelle sincérité et intégrité il continue de tracer sa route, on a plus aucun doute sur ce qu'il représente à nos yeux : un artiste complet, debout et entier... vivant, en vrai !

(Retrouvez cette chronique chez nos amis de dMute)

 

des images


 

 

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