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L’Oreille de Moscou
L’Oreille de Moscou
10 juin 2008

Yeasayer "All Hour Cymbals"

23192label / We Are Free

distributeur / Differ-Ant

contact / yeasayer[at]myspace.com

dispo / 1


des mots // du son


Yeasayer, quartet de Brooklyn - décidément ce coin du monde est prolixe en figures artistiques originales - déracine le quartier de la Grosse Pomme pour le propulser au cœur d'un continent où tout semble possible. All Hour Cymbals, signé chez We Are Free, est le carnet de route issu de ce voyage. Un recueil de rhapsodies vagabondes, essentiellement aériennes, tribales souvent, où des relents d'intimité s'incrustent à des rumeurs du monde, où le réalisme le plus fantasque s'embrase d'une prose des plus touchantes (l'introductif Sunrise vous cueille en plein vol).

S'ouvre alors un univers ensorcelant où les instrus manigancent de frêles linons, déchirés par endroits et pourtant enserrants, que s'accaparent des voix fantomatiques décochées à l'unisson, saisissantes et ténues, arachnéennes en fait (l'incroyable No Need To Worry). Ici, s'amalgament fatras post-punk, clarté acoustique du blues, rythmiques ancestrales et rengaines urbaines, juste équilibre entre effluves d'hier et fragrances contemporaines. Ici, les transports sont forcément au long court (le trippant 2080 avec ses voix d'enfants), où chacun subissant de langoureux glissements identitaires, se découvre promu ambassadeur d'une contrée nouvelle, inconnue, improbable et malgré tout découpée aux seules dimensions d'une vie d'humain (le gargantuesque Wintertime). Ici on s'égare sans pour autant perdre le Nord. On ne rend pas l'âme, on se la garde bien au chaud, on se l'écoute vibrer derrière des récits tortueux (le bien nommé Waves avec ses ondulations entre calme et tempête) qui voit s'entrelacer les références : les accords pluriels et l'électro synthétique des Talking Heads (l'excellent Worms), le psychédélisme naïf des Ruby Suns (Wait For The Summer, ses "la-la-la" et son folk enjoué) et la folie douce de la troupe de Panda Bear (Germs et sa transe chorale à maracas).

Autant de choses légères et précieuses qui nuancent la coloration d'une musique déjà pleine d'une vivifiante pulsion de jouir. Une musique puissante, décousue mais jamais chaotique, comme le siège d'une franche altercation, d'un combat tout à la fois crucial et fatal, dans lequel s'abandonner, même en vaincu, vaudra toujours le coup. Une musique exaltée autant qu'exaltante, en somme.

(retrouvez cette chronique chez nos amis de dMute)


des images



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