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L’Oreille de Moscou
L’Oreille de Moscou
3 octobre 2018

Delgado Jones "Rain Forest"

delgado


label / L'Eglise de la Petite Folie

distributeur / Id.

contact / DJ

 


des mots


Rain Forest, nom énigmatique qui titille l'imagination. Lieu imaginaire ? Où rien ne débute ni ne finit ? Pas tout à fait. Ce serait même plutôt l'inverse. Ce titre, celui du dernier Lp de Delgado Jones, est bel et bien ancré dans la réalité. Les onze morceaux qui le constituent mettant en relief les pensées délicates et ébranlées de leur auteur. Pensées nées d'une apocalypse qu'il aurait certainement souhaitée, elle, imaginaire.

Rain Forest ressemble en quelque sorte à un documentaire à tiroirs dont chaque titre serait une séquence. Delgado Jones y joue de tout, et avec élégance, sobriété nous renvoie à ces bouts de quotidien, blocs d'acide iniques, que la vie lui a balancés en rafale à la gueule : la perte d'un être cher, le traumatisme d'un attentat terroriste (celui du Bataclan), l'injuste sort des réfugiés, citoyens du monde de seconde zone, laissés pour compte du XXI° siècle.
Des histoires vraies accrochées comme un linceul séchant sur des câbles électriques à haute tension. Tendue et électrique, elle l'est, la musique de Delgado Jones. Sombre aussi. Par moment inquiétante. Par contre, on est loin du gars qui vient laver son linge sale en public. Certes ça saigne dedans, ça gronde. Mais jamais ne geint. Oh ça non !


D'une forme concise, où narration et catharsis tiennent le haut du panier, on est loin du psychédélisme onirique auquel s'adonne le bonhomme habituellement.
Et pourtant, quand on croit pouvoir s'accrocher au récit d'une "réalité directe", on pressent que le chemin est bien plus tortueux, les sensations s'y entremêlent. Le noir face à la lumière. La culpabilité d'être encore debout quand d'autres dorment pour l'éternité alliée malgré tout au soulagement coupable de pouvoir chaque jour se réveiller. Complexité et nuances des sentiments qui, on le parierait, sans ce disque sur lequel les coucher, auraient pu consumer son géniteur.

La libération par la création. Voilà de quoi il est question. Juguler ses tensions internes et malgré la noirceur de l'époque, entrevoir un champ des possibles juché de solidarité, d'amour et de joie. Entrer en résistance, en somme. C'est ça oui, avec son disque, Delgado Jones fait gronder un vent de révolte, et avec ce dernier se soigne et se sauve. Nous avec par la même occasion. Merci à lui !

[retrouvez cette chronique chez nos amis de dMute ]

du son


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