Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L’Oreille de Moscou

L’Oreille de Moscou
18 mars 2020

Cocanha "Puput"

puputlabel / Pagans

distributeur / Autodistro.

contact / C

 



des mots


On peut avancer sans se mouiller que le nom de Cocanha résonnera longtemps comme un des grands de la musique occitane moderne. On l'associera sans trop forcer à celui de ce pays même. Et une fois passées les heures parmi les plus sombres du monde qui s'annonce, ces trois Reines chanteront encore dans nos têtes la lumière et sa subversion. Puput sera alors cité comme le point d'ancrage de cette dernière.

Avec ce disque, leur association fait rayonner au-delà des frontières régionalistes un genre musical dit "traditionnel" l'emportant vers une forme singulière de polyphonie-folk amplifiée, sautillante à l'instar de cette huppe fasciée (Puput en occitan) qui trône au fronton de ce sublime Lp. Comme la crête de cet oiseau, se déploie un éventail de voix et de percussions (corporelles et tambourins à cordes) dont le souffle suffit à régénérer les âmes les plus démunies.

Dans un style qui fuit l'accablement et les lamentations, le trio, à sa manière ludique et inventive, s'éclate à tout transcender par la joie et la danse : les couleurs, les sensations, les rêves ... Tout y passe.
Une caractéristique qui semble répondre à une vraie nécessité, une façon de s'immuniser contre l'affliction face à une période de nos vies où l'arbitraire a bien assez eu le droit de citer. C'est du moins comme cela que nous avons pris cet album : la gaité et la gambille comme un précepte puissant d'autodéfense.

Ainsi, les Cocanha font leur miel de tout ce qui fleurit leur quotidien et leur imaginaire. De réécriture en exploration, les rythmes et la langue varient et virevoltent dans une splendeur et une clarté sonores des plus euphorisantes. Un disque pour tordre le cou à l'hiver et ses virus. Un disque pour (re)vivre . Il était temps !

du son


 

 

Publicité
27 novembre 2019

MAN Foo Tits "First jets"

 

a3736420884_10label / Autoprod.

distributeur / Autodistro.

contact / MFT

 



des mots


 MAN FOO TITS... Au-delà de l'ironie farceuse, on comprend vite , à l'écoute de ce First Jets, pourquoi Lord Wimpy & Prince J ont voulu, comme deux garnements pris en flag' les doigts dans la boîte à fromage,  plutôt que de se dédouaner avec ce sobriquet calembourré , désarmorcer le bousin à venir.

Dès qu'ils s'emparent des manettes (assistés du génial John "Master" Trap et du non moins légendaire Blunty Blunt), ces deux énergumènes n'ont de cesse de foutre le boxon et de narguer la bienséance.
Avec eux, hédonistes pourfendeurs de groove, laborantins défroqués, n'importe quel mélange, même frelaté, sera ingurgité et , tel le cracheur de feu, vaporisé histoire d'embraser le dancefloor. Voire de bien le cramer !

Tout au long de ces cinq titres , insolents, morveux et scandaleux, ce side-project des Delgado Jones , accumule les bras d'honneurs, les sourires en coin et les références branques.

Aussi éclectiques que boulimiques, ils adressent des oeillades enfumées à toutes une série de vieux hérauts, carotteurs de hip-hop devant l'éternel, des Beastie Boys à Soul Coughing et Dog Eat Dogs, en passant par d'autres plus récents, Astaffort et Sleaford Mods en tête. Et en profitent de l'occasion pour ressortir du placards des riffs punks rouillés toujours bien contondants, abuser des borborygmes franglish et claquer de la boîte à rythme à la chaîne.

En ressort un Ep gorgé de gimmicks poilants qui témoigne d'un amour immodéré pour la bringue, la joie et ma foi la musique.
Un disque qui exhorte à gorge déployée au lâcher prise. Un seul credo : s'en foutre et jouir de l'instant ! Pi c'est tout ! Et c'est déjà beaucoup ! Bravo !

du son


 

 

 

27 novembre 2019

Super Parquet "s/t"

arton7796-e7bc8label / Pagans

distributeur / id.

contact / SP

 


des mots


C’est peu de dire que Super Parquet est un groupe libre. Insaisissable, volontiers roublard, gentiment provocateur, chantre d’une indépendance radicale (on est à ce stade de notre découverte pas du tout surpris de les voir signés par les fureteurs gascons de Pagans), le quartet prend un malin plaisir à (se) dérouter - jamais là où on l’attend ; jamais là où certains désireraient le voir une bonne fois pour toute : bien tranquille, sage. Pas moyen !

Par contre, ces quatre gars sont là où ça se passe, quoiqu’il advienne. C’est à dire, peut-être malgré eux, un peu ailleurs, en marge voire en avance. Un brin décalé, en somme.

Il suffit de jeter ne serait-ce qu’une oreille distraite sur leur premier Lp pour mesurer, au-delà de la puissance intrinsèque de l’ouvrage, à quel point tout ce qui se trame ici, dans l’esthétique même du projet, provient immanquablement de géniales intuitions : mettre en lumière la transe originelle qui irradie de vieux morceaux issus des musiques populaires pluriséculaires en la combinant à une électro savante on ne peut plus moderne.

Avec cette hybridation, Super Parquet colle de très près à l’esprit des grands explorateurs sonores du Free Jazz et de la musique expérimentale. Le quartet (on pourrait d’ailleurs parler de quintet tant leur ingé son occupe une place centrale dans le groupe) s’attache à dynamiser le cadre traditionnel d’un folklore porteur d’une charge émotionnelle indéniable encore aujourd’hui, en insufflant une relation entre instruments (cabrette, banjo ...) et machines fondée sur la recherche d’ambiances et surtout la conquête du dance-floor. Un parti pris courageux et ma foi un pari largement remporté.

Effectivement, on les sent en quête. Toujours. En chantier. Au plus près de leurs désirs, de leurs pulsions internes, ouvert au monde aussi, à ses interrogations, ses pulsations. On les croit dans l’anticipation continuelle de la beauté à venir, questionnant sans cesse leur art et sa pratique pour les rendre encore plus fédérateurs. A ce sujet, ce n’est à nouveau pas étonnant d’apprendre que l’ensemble de leurs titres sont édités sous licences "Creative Commons" et donnés en partage, offerts à qui voudra les incrémenter, les transformer, les envoyer encore plus loin.

Ne reste plus qu’à attendre de recevoir ces offrandes, en direct, en allant les voir sur scène bientôt. Un grand moment en perspective !

[ retrouvez cette chronique chez nos amis de ADA ]


du son


 

27 novembre 2019

Javva "Balance Of Decay"

 

arton7792-8c8e3label / Antena Krzyku

distributeur / Import

contact / J

 



des mots


 "Balance Of Decay" nous annonce le titre de ce premier Lp des excentriques Javva. "Equilibre de Pourriture" ... Rien de bien engageant, dis comme ça !

Rassurez-vous : aussi tordues soient leurs aspirations en musique, ces Polonais offrent là un disque ébouriffant et libre.

Complexes et pourtant limpides, subtiles et imprévisibles, les compos sauvages de ces quatre gaillards étonnent autant par leur bougeotte que leur jugeotte. Nomades comme pas possible, quand on pense les avoir cernés (quelque part entre The Ex et Fugazi, pour le dire vite) , on se retrouve avec eux chevauchant leur groove malade vers d’autres métissages brûlants, d’autres expérimentations courageuses entre genres, sonorités et territoires : une sorte d’hybridation d’afropunk, de jazz fusion et de noise. Pour ces véritables trafiquants d’un groove inverterbré totalement décomplexé, tous les mélanges sont bons. Pour embraser les esprits. Pour contorsionner les corps.

Aussi éclectiques que boulimiques de rythmiques, les huit titres virevoltants de ce Balance Of Decay sont finalement bien plus déséquilibrés que moisis. NON !! Il n’y a vraiment rien de pourri au Royaume de Javva !


[ retrouvez cette chronique chez nos amis de ADA ]


du son


 

27 novembre 2019

Hildebrandt "îLeL"

 

arton7768-fcd2dlabel / Label At(h)ome

distributeur / id.

contact / H

 



des mots


La rencontre avec Hildebrandt démarre avec l’artwork de son deuxième Lp (même si on a connu Wilfried du temps des Coup d'Marron, pour les Rochelais ça devrait rappeler quelques souvenir) : d’un carmin pétant, avec l’artiste lui-même en costard vermillon écarlate, arborant une moue mi boudeuse mi dubitative. On pressent alors que l’ambiance sera éclatante et duale. On écoute ce disque et on constate qu’on n’est pas loin du compte.

Auteur-compositeur-interprète, Hildebrandt excelle dans la peinture des instants du quotidien, qu’il raccorde ici à deux concepts : les jeux de genre masculin/féminin mais aussi le rapport que chacun entretient avec l’isolement. Le mode de création, perdu en forêt et en mer ( résidence sur l’île d’Oléron puis l’île d’Yeu), expliquant pour partie ce choix, comme celui du titre de cet opus : îLeL. Mais plus que de simples illustrations sensées servir un propos, ce sont de subtiles vignettes électro-rock appuyant une prose sincère et lettrée qui constituent vraiment le coeur du projet. Hildebrandt nous les délivre généreusement, comme le déroulé du générique de ses intimités. Et il touche juste !

Il invite pour l’épauler, la chanteuse Kate Stables des This Is The Kit et , excusez du peu, Albin de la Simone au piano, tout en livrant ses idées aux sonorités du producteur Dominique Ledudal, déjà à ses côtés sur son précédent essai , Les Animals (2016). Créé ainsi autour d’une équipe restreinte, îLeL nous offre un panel de sensations profondes, de portraits tantôt taquins tantôt bouleversants. Un véritable bouquet d’humanités.

Voici donc un album qui, promenant ses plaisirs sur le sentier de la mélancolie, nous a ouvert à l’univers d’un artiste, mi ogre mi poète, capable en douze titres de nous rappeler que si la vie est trop souvent mal fagotée, elle ne se conjugue jamais aussi bien qu’au pluriel. Rien que pour ça, merci à lui !

[ retrouvez cette chronique chez nos amis de ADA ]


du son


 

Publicité
27 novembre 2019

Josy & Pony "Eponyme"

arton7767-f5f48label / Rockerill Rds

distributeur / Freaksville Rds

contact / J&P

 



des mots


 On (re)trouve sur disque Josette Ponette vs The Poneymen, rebaptisés Josy & Pony, comme s’ils sortaient à peine de scène : en sueur, calés entre surf-rock et garage 60’s, des mots à double tranchant et le mors aux dents.

On entend surtout du fuzz, une rythmique quasi punk et une voix, bon sang la voix de Josette, licencieuse et trash yéyé à souhait. Une formule bien rôdée à laquelle les Wallons se réfèrent sans s’en départir.

En fait, la seule entorse ici c’est celle qu’on risque d’attraper sur la piste de danse, en se pétant le bassin sur des titres aussi branques et efficaces que tout le répertoire des Messer Chups et des compils de Tony The Tyger (les légendaires "Fuzz, Flaykes & Shakes") réunis. Le tout dans la langue de Voltaire, ce qui en plus du pelvis, nous permet de faire travailler le cortex et les zygomatiques sur des textes à tiroirs. Et non, les Josy & Pony ne sont pas des bourrins, qu’on se le dise !

Ils n’ont effectivement pas laissé leurs cerveaux au vestiaire : sous couvert d’un champ lexical toujours très "équestre" ils troussent des morceaux capable d’aborder sans sourciller des thèmes aussi cruciaux que le harcèlement, l’intégrisme ou encore l’extrémisme politique.

Sachez donc qu’une fois le disque lancé, vous serez face à un tourbillon rythmique et vocal d’une efficacité sans bornes. Un mélange instable de musique hors d’âge et d’humour noir, politique et lubrique. En clair, aussi couillon et jouissif qu’engagé, Eponyme - LP bien trop court - est une des plus belles armes contre l’immobilisme, intellectuel et physique, qui ait tournée dernièrement sur nos platines. Bien joué !

Vivement qu’on les croise sur scène.

[ retrouvez cette chronique chez nos amis de ADA ]


du son


 

27 novembre 2019

Boucan "Déborder"

arton7751-65716label / Silenci

distributeur / L'Autre Distribution

contact / B

 



des mots


 Heureusement la musique, contrairement à un certain mode de pensée, n’a jamais été unique. La preuve une nouvelle fois avec ce premier LP polysémique du trio Imbert/Zarn/Pépin aka Boucan, qui au gré de leurs spectacles, rencontres et voyages respectifs ont fini par croiser ensemble le fer et les cordes de leurs instruments, le feu et la rage de leur verbe.

Tous trois issus d’univers bien mouvants, ils auront chacun à leur manière développé des projets perso et collaborer avec d’éminents jazzmen comme avec des musiciens traditionnels ou des performers artistiques atypiques. La liste est longue, on vous laissera la surprise de découvrir la beauté de leurs parcours ô combien picaresque. (Quelques pistes tout de même, en vrac : Imbert Imbert, Kestekop, Le Tigre des Platanes...)

Un parcours donc, qui les mène aux onze titres de ce Déborder, un titre en forme d’injonction qui colle parfaitement à l’esprit du disque. Un parcours, aussi et surtout, qui les pousse dans les bras experts du légendaire John Parish qui les aidera à mettre en lumière le foisonnement de leurs idées. Parce que s’il y a bien une chose qui est certaine en ce bas monde, c’est bien que les Boucan ont des idées à revendre. Si on osait, on dirait même que ça déborde !

Si on sent la patte "Parish", c’est essentiellement dans ce geste, qui reste certainement son credo ultime : laisser la musique prendre l’espace qui lui est dû, sans en rajouter, sans l’influencer outre mesure. En somme, canaliser plus qu’organiser. Et être capable de sonner parfois la fin de la récréation sans jamais rien recréer.

Aurait-il pu en être autrement, quand dans un même studio - et pas des moindres, The Rockfield Studios ! - vous vous calez avec trois olibrius qui n’ont pour seule envie que celle de déborder - encore ?? - des frontières de leurs mondes, qu’ils soient jazz, blues, hillbilly, polyrythmique, éthiopique, punk. Pour partir à l’assaut d’un folklore imaginaire et tellement singulier : leur boucan !

Leurs préoccupations esthétiques allant ainsi dans cette même direction, impossible de ne pas sentir la fraternité qui les lie. Entre eux , bien sûr. Avec nous aussi. La Fraternité de celles et ceux qui voit dans l’acte musical l’avènement de la Grande Improvisation. Le Consortium du Bordel Organisé comme art du vagabondage sonore. Celui qui fait sonner chaque note, chaque mot comme un acte subversif, beau et unique à la fois. Celui, primordial, de ne jamais, au grand jamais, laisser la vie nous rattraper.

Alors, au travers de ces onze morceaux de bravoure, on bascule inlassablement des bastringues d’Addis Abeba aux distilleries clandos des bas-fonds de Treme en passant sur les tréteaux flingués d’un cabaret punk où ne résonne que cuivres et cordes pas que vocales. A l’instar du syncrétisme sauvage des mythiques The Ex, ou plus proche de nous, des non moins furieux Electric Bazar Cie.

Au fil des plages, c’est de plus en plus de force qui nous emporte, au-dessus de nos a-prioris, nous pénètrant jusqu’au plus profond de nos acquis, de nos cas de conscience.

Un rare plaisir que celui de se laisser ainsi aller, de se sentir à ce point partir en se contentant simplement de... Déborder. Encore ? Toujours, s’il vous plait !!

[ retrouvez cette chronique chez nos amis de ADA ]


du son


 

27 novembre 2019

Gontard "2029"

 arton7684-99322label / Petrol Chips

distributeur / ici D'ailleurs

contact / G

 



des mots


Observer les évolutions de la chanson française ressemble un peu à ces soirées passées à mater de vieux giallo. D’accalmies en fausses poussées de tachycardie, il faut être patient pour réellement se payer une bonne vraie frayeur.

En ce début d’année 2019, c’est un gars de Valence qui s’y colle, endossant le rôle du maître des hautes oeuvres, masque de lapin sur l’oreille, verbe coulé dans le vitriol et le verre pilé. Son nom, déjà bien connu de nos services : Gontard.

Gontard, kesako ?

Signe particulier : des disques dont l’intensité va crescendo et reste inflexible. Souvent titré avec un sens de la formule bien particulière, c’est cette fois en toute simplicité que son dernier Lp s’intitule 2029. Année vers laquelle il nous transporte pour une visite "micro-futuriste" de la ville de Gontard-sur-Misère et de ses habitants. Leurs vices et leurs quelques vertus comme point d’orgue à la rencontre. Pour être clair, on n’en sort pas du tout indemne.

Un an à peine s’est écoulé depuis sa précédente sortie qui nous avait déjà bien allumés. Et bien ce 2029 est une nouvelle fois incendiaire. Plus qu’une révélation, c’est la confirmation d’être face à un artiste dont la bravoure et la combativité verbale tiennent le haut du pavé de la critique sociétale acerbe et ironique. Bien épaulé par Vincent Brion aka Vincha, rapper et beatmaker rencontré par hasard et pour toujours, et l’incontournable boss du label Petrol Chips, Ray Bornéo, Gontard raconte des histoires mordantes, un peu crues, jamais salaces, intimidantes parfois, impressionnantes surtout, comme la dégaine d’un Black Block se profilant sur un horizon de fumigènes, déflagrations comprises.

En somme, Gontard et son gang n’ont plus besoin de rien pour faire valoir leur excellence. Ce troisième disque n’est finalement là que pour enfoncer le clou. Du moins pour nous. Et bientôt pour vous aussi. Plongez dans l’introductif Dans Ma Ville, dans Hôpital Tue ou encore Prolétaires (jouissif pamphlet social maquillé en love song..ou l’inverse, c’est selon ), qui en quelques phrases, quelques beats rêches font un constat sociologique autrement plus sensé que bon nombre de billets de pseudo-consultants indignés. Une seule écoute vous suffira pour comprendre que c’est par ce bonhomme des bords d’Isère, ce Monsieur, que l’avenir de la chanson française passera ! Voilà c’est dit !

  [ retrouvez cette chronique chez nos amis de ADA ]


du son


27 novembre 2019

Yulès "A Thousand Voices"

 arton7679-72dadlabel / Marjan Rds

distributeur / Bigwax

contact / Y

 



des mots


 Une voix, quelques doigts et les cordes d’une guitare. Depuis plus d’un siècle, cet attelage a offert à la chanson, cette vorace, des millions de combinaisons pour autant de possibilités. Souvent éprouvée, parfois gravement malmenée par trop de négligence, cette formule archaïque, du moins en apparence, a su rester intemporelle. Et puis vint l’incertitude, créée à l’échelle planétaire par quelques aventuriers qui rafraîchiront tout ça en plongeant la tête la première dans la source de jouvence électrique puis électronique.

Amateurs eux aussi des équations pop à fortes inconnues, les frères Charret aka Yules ont décidé sur leur dernier Lp - A Thousand Voices - après neuf ans d’absence dans les bacs avec de véritables compos, de (re)convier la Fée Électricité (et au passage son pote Roland-Juno 106), laissée depuis trop longtemps de côté. Très bonne initiative !

On se retrouve ainsi avec une nouvelle mouture de Yules. La même voix, celle magique et magistrale de Guillaume Charret, mise au servive d’une musique indie pop toujours ciselée avec finesse, mais plus dynamique, enlevée et éclectique.

Et voici donc un album capable de servir de bande-son au quotidien. Ceux-là, on le sait maintenant, sont rares. On ne s’embarque pas chaque jour sur le long fleuve plus ou moins tranquille de la vie avec n’importe quel disque. Loin de là.

Il doit pouvoir préserver la grâce et la force de ces bouts d’ordinaire faits de tout et de rien, de ces instants, hiver comme été, qui résonnent de mille voix comme de silence sur lesquels se forgent d’intenses et douces nostalgies. Tant de paradoxes.

Combien d’albums sont ainsi parvenus au plus près de nos intimités sans nous intimider, rassurant l’enivrante banalité de ces journées où la lumière s’accorde au temps qui passe dans un mélange vénéneux d’éther et de tendresse ? Pas tant que ça. Rarement avec autant d’élégance et d’efficacité. Alors, quand on en tient un, on ne le lâche pas ; et globalement c’est parce qu’on ne parvient plus à s’en extirper, pris jusqu’à l’os par cette sensation de quiétude un brin inavouable, scandaleusement personnelle.

A Thousand Voices, un disque qui est là, et bien là...Tout simplement !

 

[ retrouvez cette chronique chez nos amis de ADA ]


du son


 

27 novembre 2019

Tchewsky & Wood "Live Bullet Song"

25935label / Poch Rds

distributeur / L'Autre Distribution

contact / T&W

 



des mots


Autant se le dire d'entrée de jeu, les Rennais de Tchewsky & Wood (T&W) ne sont pas un duo. Ils l'ont été. Et ne le sont plus. Les voici désormais trois : Marina Keltchewsky, comédienne et chanteuse de son état sans frontières et Gaël Desbois (co-fondateur avec Olivier Mellano des géniaux Mobiil, batteur pour Laetitia Sheriff, Dominic Sonic...) musicien faiseur de sons et de rythmes rejoints plus récemment par le guitariste Maxime Poubanne.
Un nouveau trio donc, véritable groupe dorénavant, réuni sur ce Live Bullet Song. Un titre des plus évocateurs, à l'instar d'un artwork (réalisé par Patrice Poch, patron de Poch Records qui les héberge) tout aussi clair sur le propos. ça va éparpiller façon puzzle !

 Il faut dire que leur premier Ep nous avait déjà bien secoué les neutrinos. Et comme souvent, dans ces cas-là, quand le premier jet est réussi, il y a bien-sûr une certaine excitation dans l'attente de la suite, et aussi un brin d'angoisse. Seront-ils capable sur un long format de garder cette force, cette fièvre qui propulsaient alors ces quelques titres ?

 Dès les premiers souffles de Carnival Girl on est complètement rassuré. On retrouve le fer de lance de T&W, Marina et sa voix, son verbe polyglotte (russe, rromani, anglais et français), la puissance de ses convictions. Leur bio nous parle de Siouxie, de Nico, on a pensé aussi à la Marianne Faithfull époque Broken English et à la trop sous-estimée Béatrice "Mama Béa" Tekielski, pour la folie patentée qui semble les rassembler.
Au coeur des chansons, elle est à la fois la balise et le typhon. Avec elle, Desbois et Poubanne ont , semble-t-il, pu ouvrir à foison les vannes de leurs imaginaires, laisser aller leurs idées soniques au gré d'une électro-rock tribale mâtinée de cold-wave , de rythmiques indus tranchantes.
Ainsi, chacun des dix titres de ce disque, somme toute assez court, devient un ilôt d'expérimentations et de lascivité froide où ces créateurs d'ambiances incertaines libèrent un spleen et une colère spontanée dans une foule d'incantations qui plus politiques que mystiques, sont porteuses d'une véritable esthétique romantique, noire et lancinante, aux accents engagés : féministes et libertaires.

 Alors, petit conseil maison, méfiez-vous des T&W, leur disque tire bel et bien à balles réelles !

[ retrouvez cette chronique chez nos amis de dMute]

 

du son


 

Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 > >>
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité